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25 mai 2019

Défi lecture: Un grand classique --> Le Lys dans la vallée de Balzac

lys

J’ai passé quelques mois avec Balzac…

Oui je vous l’accorde, ce fût un peu longuet pour une rencontre livresque mais il a fallu qu’on s’apprivoise lui et moi. Il y a eu des moments de ralentissements et des moments plus intenses mais nous étions tous les 2 déterminés à aller au bout de l’histoire.

J’avais lancé le thème de ce défi lecture : « Un grand classique que c’est trop la tehon si tu l’as pas lu » Pourquoi ce défi un tantinet ardu, me direz-vous ? Parce que, vous répondrais-je, j’avais un sentiment de double frustration à dissoudre en moi. Je venais de lire un livre « feel good » peu consistant. Le genre de lecture qui me fait dire à moi-même en mon for intérieur: « Mais espèce de limace procrastinatrice, bouge toi la 17eme lettre de l’alphabet, et pond un livre comme ça, tu pourras améliorer ton pouvoir d’achat ! ».

De plus, une lecture peu nourrissante me laisse forcément sur ma faim. Pour en finir avec cette digression, franchement, oublier un chagrin  d’amour en faisant une croisière autour du monde à 60 000 boules…c’est assez easy! Là où ça aurait de la gueule, c’est si l’héroïne, s’était remise dudit chagrin, au 15eme étage de son HLM sans ascenseur,  avec son smic, ses 4 enfants, ses yaourts périmés et sa peau atopique…

Bref, après cette danette  goût pistache meringue nougat…J’avais envie d’un truc bien roboratif, à l’ancienne, du terroir quoi !

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 J’ai donc comme souvent, attendu un signe de l’univers, et  la sérendipité m’a emmené vers « Le lys dans la vallée » de Balzac, pas de Dana, paru en 1836. De cet auteur j’avais déjà lu "La peau de chagrin » il y a, environ …30 ans…oups^^

 

Je vais allégrement vous copier un résumé, je ne passe pas le bac de français moi ! Comme ça je pourrais me concentrer sur quelques réflexions personnelles à propos de ce récit grandement autobiographique.

« Récit d’une éducation sentimentale, pendant les Cent-Jours, Le Lys dans la vallée est une confession épistolaire. Félix de Vandenesse confie dans une longue lettre à sa fiancée Natalie, son enfance malheureuse et l’amour qu’il a éprouvé pour la vertueuse Henriette de Mortsauf. Femme mal mariée, mère de deux enfants fragiles, elle est le lys de la vallée de l’Indre, lieu enchanteur que Balzac connaît bien et qu’il décrit longuement. Comme elle se refuse à lui, Félix succombe aux charmes d’une belle anglaise, Arabelle Dudley. Mais Henriette l’apprend et, dévorée de jalousie et de regret, en meurt de chagrin… »( Brigitte Méra)

-La vertueuse héroïne de ce roman s’enferre, s’enferme, se laisse guider par la morale religieuse, se refuse à l’amour et en meurt. L’heure n’est sans doute plus à ce genre de freins mais la religion dicte encore bien des conduites et force est de constater  que son élocution est pour le moins hasardeuse voire fortement dissonante souvent! Ceci dit, je me demande si je suis plus libre sous la dictature d’internet et des réseaux sociaux que je m’impose parfois!

Simone, elle, a su sortir de ce carcan : "Il m'était plus facile de penser un monde sans créateur qu'un créateur chargé de toutes les contradictions du monde."
(Simone de Beauvoir / 1908-1986 / Mémoires d'une jeune fille rangée / 1958)

-J’ai bien aimé le langage des fleurs dans ce roman : il faudrait que certains passages face partie de l’enseignement d’horticulture. Ne pouvant  dire son amour avec des mots, le héros se lance dans la confection de bouquets chargés de sens. Un jour chez un fleuriste je commanderai ça ^^:

"Mettez dans un bouquet ses lames luisantes et rayés [flouve odorante) comme une robe à filets blancs et verts, d'inépuisables exhalations remueront au fond de votre coeur les roses en bouton que la pudeur y écrase. Autour du col évasé de la porcelaine, supposez une forte margue uniquement composée de touffes blanches particulières au sédum des vignes en Touraine ; vague image des formes souhaitées, roulées comme celles d'une esclave soumise. De cette assiste sortent les spirales des liserons à cloches blanches, les brindilles de la bugrane rose, mêlées de quelques fougères, de quelques jeunes pousses de chêne aux feuilles magnifiquement colorées et lustrées ; toutes s'avancent prosternées, humbles comme des saules pleureurs, timides et suppliantes comme des prières. Au-dessus, voyez les fibrilles déliées, fleuries, sans cesse agitées de l'amourette purpurine qui verse à flots ses anthères presque jaunes ; les pyramides neigeuses du paturin des champs et des eaux, la verte chevelure des bromes stériles, les panaches effilés de ces agrostis nommés les épis du vent ; violâtres espérances dont se couronnent les premiers rêves et qui se détachent sur le fond gris de lin où la lumière rayonne autour de ces herbes en fleurs. Mais déjà plus haut, quelques roses du Bengale, clairsemées parmi les folles dentelles du daucus, les plumes de la linaigrette, les marabous de la reine des prés, les ombellules du cerfeuil sauvage, les blonds cheveux de la clématite en fruits, les mignons sautoirs de la croisette au blanc de lait, les corymbes des mille-feuilles, les tiges diffuses de la fumeterre aux fleurs roses et noires, les vrilles de la vigne, les brins tortueux des chevrefeuilles ; enfin tout ce que ces naïves créatures ont de plus échevelé, de plus déchiré, des flammes et de triples dards, des feuilles lancéolées, déchiquetées, des tiges tourmentées comme les désirs entortillés au fond de l'âme. Du sein de ce prolixe torrent d'amour qui déborde, s'élance un magnifique double pavot rouge, accompagné de ses glands prêts à s'ouvrir, déployant les flammèches de son incendie au-dessus des jasmins étoilés et dominant la pluie incessante du pllein, beau nuage qui papillote dans l'air en reflétant le jour dans ses milles parcelles luisantes ! [...] Mettez ce discours dans la lumière d'une croisée, afin d'en montrer les frais détails, les délicates oppositions, les arabesques, afin que la souveraine émue y voie une fleur plus épanouie et d'où tombe une larme..."

 

- J’aime beaucoup l’idée du « temps de vivre » qu’évoque pour moi les romans classiques : le temps de l’auteur avec sa plume, celui de l’imprimeur, de la fabrication du livre, mais aussi le temps des personnages, des descriptions…Un temps pouvant être rempli de mots aujourd’hui oubliés, de promenades sans but, de connaissances…Bon, il fallait pour cela être riche pour cela.

- Je n’ai pas pris le temps de me renseigner sur le contexte historique : la restauration, si je ne m’abuse…Je mets ça dans ma liste de choses à faire à la retraite.

J’ai vu le téléfilm (1970) tiré de ce roman , pour être sûre de bien m’imprégner de tout cela et être certaine d’en avoir fait une trace en moi. Ce sera le cas…Henriette en force !^^

***

Quelques extraits du livre qui m'ont bien " parlé" (H= Henriette ; F= Félix)

« Comment si jeune savez-vous ces choses ? Avez-vous donc été femme ? »H

 

« L'amour n'est-il pas dans les espaces infinis de l'âme, comme est dans une belle vallée le grand fleuve où se rendent les pluies, les ruisseaux, les torrents, où tombent les arbres et les fleurs, les graviers du bord et les plus élevés quartiers de roc ? Il s'agrandit aussi bien par les orages que par le lent tribut des claires fontaines. Oui, quand on aime, tout arrive à l'amour."

 

« Si Dieu nous a donné le sentiment et le goût du bonheur, ne doit-il pas se charger des âmes innocentes qui n'ont trouvé que des afflictions ici-bas. Cela est, ou Dieu n'est pas, ou notre vie serait une amère plaisanterie. »H

 
 

« Moi, reprit-elle, de quel moi parlez-vous? Je sens bien des moi en moi? Ces deux enfants, ajouta-t-elle en montrant Madeleine et Jacques, sont des moi. » H( Madeleine et Jacques sont ses enfants d’Henriette."

 

« Oui,  plus tard nous aimons le femme dans une femme ; tandis que de la première femme aimée nous aimons tout." F

Et ce dialogue est sans doute mon extrait préféré : C’est Henriette qui commence

" - M'aimez-vous saintement ?

- Saintement.

- A jamais ?

- A jamais.

- Comme une vierge Marie, qui doit rester dans ses voiles et sous sa couronne blanche ?

- Comme une vierge Marie visible.

- Comme une sœur ?

- Comme une sœur trop aimée.

- Comme une mère ?

- Comme une mère secrètement désirée.

- Chevaleresquement, sans espoir ?

 -Chevaleresquement, mais avec espoir.

Ps: Un idée que je pose ici pour un prochain cours:

http://www.lysdanslavallee.fr/fr/contenu/le-langage-des-fleurs-etude-du-bouquet-de-felix-de-vandenesse-college#.XOmgBo86_cs

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